mardi 29 novembre 2011

l'ange et la bête

Mon voisin d'à côté continue de m'importuner de diverses façons qu'il serait trop long de narrer à cette heure avancée de la nuit, et je continue de me défendre de la manière la plus lâche et intelligente qui soit : informer l'agence qui sert d'intermédiaire entre le "gaijin" et la société Japonaise : "tokyo rellocation" payée par l'organe qui loue mes services pour le pécule qui me permet de subvenir à mes besoin vitaux : un toit, du vin, et du travail.

Cela fonctionne assez bien : le dit voisin cesse une à une les actions qui troublent ma vie tranquille et moi, je ne réagis pas, et me réjouirais presque _si ma vie était assez plate pour m'en donner le loisir_ de l'imaginer, rageant, devant l'échec de sa bêtise face à mon urbanité.

De l'autre côté, ma voisine d'en face continue de manifester des marques d'accueil désintéressées, des sourires épanouis, et en réponse à la carte de visite que je lui avais récemment donnée en acceptation à sa proposition d'aller dîner ensemble un soir de semaine, j'ai trouvé ce soir accroché à ma poigné un sac élégant contenant deux "Mille-feuilles Crème Marron" de chez "Foucher Paris" ainsi qu'une gentille carte m'invitant à lui faire savoir mes disponibilités...

Aucune avance ne se cache dans ces propositions, la dame étant mariée avec un petit garçon bien éduqué, si j'en crois les dires d'une tierce personne qui a pu le juger à l'occasion d'une rencontre fortuite en ascenseur : "礼儀正しい子だね" qui veut dire : "voilà un garçon bien poli".

Non, simplement, la mère de famille qui me fait face est un ange, et mon voisin d'à côté, une bête. Ou au mieux, un bêta. Ou peut-être, juste un con. Moi je suis un simple ayant eu la chance de ne pas naître simplet, et ces deux extrêmes qui m'entourent m'apparaissent comme une métaphone amplifiée de l'homme dans ce qu'il a de plus beau et de plus laid.

Si je souhaite devenir meilleur, je ne souhaite pas m'enlaidir : l'idiot qui m'ennuie va partir un jour et viendra un moment où je n'y penserai plus que dans une réminiscence indistincte, peut être au moment ou j'enverrai un mot à la personne qui m'aura fait penser : "il y a des voisines, on dirait des anges".